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Blog Socialiste et Iconoclaste
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28 décembre 2006

L'héritage: Machine à inégalité

Non content d'avoir soulagé les impôts des classes les plus aisées, d'avoir accordé un cadeau de 20 milliards d'exonérations fiscales généreuses à ses financiers, l'UMP propose dans son programme la suppression des droits de succession.

 

Cette réflexion sur la suppression de l'héritage est à l'origine du socialisme même pourrait-on dire.
Ainsi Saint Simon, et surtout ses disciples Saint Simoniens entament une réflexion au début du XIXième siècle sur ce thème et concluent à la suppression de l'héritage.
Ces conclusions seront reprises par Marx et Engels dans "Le Manifeste du Parti Communiste".

Etrangément, les Ultra-libéraux pronent la suppression de l'héritage: il affecterait le marché et la libre concurrence entre  les individus.

Qu'est ce que cet héritage que tant les ultra-libéraux que les socialistes historiques dénoncent avec tant de force ? 

L'héritage est au sens Littréen du terme ce qui vient par voie de succession, meubles immeubles, terres comme maisons, une licence, argent ou capital. Il est une transmission de la propriété d'un objet aux parents ou à des tiers.
Héritage se dit aussi d'un trône qui passe de rois en rois dans une même famille.

Au sens figuré, il peut désigner aussi la transmission progressive du savoir ou de l'éducation à des parents ou tiers.

L'héritage est donc une base, un ensemble de savoir, de propriétés, de capital,que quelqu'un transmet à d'autres.

Le légataire de l'héritage a donc pu hériter lui-même par le passé de ce qu'il lègue, ou bien acquérir titres de propriétés biens et capital par le fruit de
son travail personnel, ou de l'accumulation du capital. Les héritiers donc bénéficient de ces biens sur un critère purement discrétionnaire. 

D'un point de vu socialiste, il serait bon de s'intérroger aussi sur cela, et de voir dans quelle mesure l'héritage peut être considéré en bien de points comme un puissant vecteur d'inégalités sociales.

Sans tergiverser sur le mérite ou pas des héritiers à recevoir quelque biens d'un tiers, il faut saccorder sur une chose : l'héritage est un instrument qui
renforce les inégalités sociales dans la société.

Qu'est ce qui fait que telle personne, pour la simple excuse qu'il est fils de quelqu'un qui possède des biens, devrait il les posséder aussi?
- par lien de parenté avec le légataire
- par rapport à la perception qu'a le légataire de son
ou ses héritiers.

Les critères sur lesquels se fondent l'héritage peuvent être variables et tout le temps subjectifs. Ils ne correspondent en rien à quelque chose de rationnel.

Or, sur quoi se fonde une grande partie des inégalités
à la naissance?
- Sur des inégalités de capital culturel
- Sur des inégalités de capital matériel ou financier

Ne nions pas qu'un individu possédant des richesses financières ou patrimoniales aura bien plus de chances de "réussir" dans la vie que quelqu'un qui part de rien.
Avoir de l'argent, ou un patrimoine, c'est avoir accès plus facile à la culture. 

Distinguons là encore le patrimoine du capital: un ouvrier qui travaille toute sa vie à batir une maison, un mât de cocagne pour sa famille devrait se voir "taxer" pour cela lorsqu'il désirera la léguer à ses enfants?
Le patrimoine, en ce qu'il a de symbolique, lorsqu'il s'agit d'une oeuvre d'art, d'une maison principale ou d'une maison secondaire pour chaque enfant pourquoi pas, échappe à la logique capitalistique.

Tout patrimoine en dehors de ce cadre devrait par contre être redistribué à la société.

Ne nous voilons pas la face : c'est en grandepartie l'héritage matériel et financier qui crée et renforce les inégalités dans notre société, alors que la culture devient de plus en plus un bien marchand.

De quel droit, à cause de l'héritage qu'il n'a pas, un pauvre devrait travailler trois fois plus pour «réussir » que quelqu'un qui possède un capital lui
facilitant l'accès aux études, le carnet d'adresse de papa, ou des petits camarades de grandes écoles, fera plus aisément sa place?

C'est parce ce que l'héritage financier, parce que le patrimoine conditionne grandement les chances de quelqu'un à réussir, parce que le manque de capital
financier ou de patrimoine hypothèque les chances de réussir alors il nous faut agir.

C'est parce ce que l'héritage financier facilite l'accès au savoir-marchand, facilite la culture de la façon la plus inique qui soit qu'il nous faut oeuvrer pour changer la structure de répartitions des richesses, mais aussi répartir ce qui est taxé dans l'éducation.

Seul la culture et le travail devraient conditionner la réussite de quelqu'un. Mais plus encore, que la culture et l'éducation soit le moyen privilégié non pas de promotion sociale, mais d'épanouissement.

Pour cela, la logique de répartition (de réparation ?) socialiste existe : en taxant de plus en plus le patrimoine et l'héritage, nous dégageons des ressources pour l'éducation de tous.

En taxant, en taillant de plus en plus le patrimoine financier et matériel, nous augmentons d'autant les moyens disponibles à l'éducation de tous.
Cassons la machine à reproduire les inégalités qu'est l'héritage.
Investissons massivement dans l'éducation populaire et dans les universités.
Proposons un modèle de société ou les valeurs ne pourraient être "marchandes", un modèle ou réussite ne rime pas avec accumulation du capital matériel mais capital social.

Une société du savoir, égalitaire et juste est un idéal vers lequel nous devons tendre.

Le français, tant berçé par ses rêves matérialistes, héritier d'une culture foncière et "thésaurisatrice" est il prêt à lever le voile sur son héritage?
C'est peut être à nous socialiste d'éclairer le débat sur le propriété et de proposer des idées nouvelles qui sauront sortir nos mentalités de l'élitocratie d'ancien régime.

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