Non content d'avoir
soulagé les impôts des classes les plus aisées, d'avoir accordé un
cadeau de 20 milliards d'exonérations fiscales généreuses à ses
financiers, l'UMP propose dans son programme la suppression des droits
de succession.
Cette réflexion sur la suppression de l'héritage est à l'origine du socialisme même pourrait-on dire.
Ainsi Saint Simon, et surtout ses disciples Saint Simoniens entament
une réflexion au début du XIXième siècle sur ce thème et concluent à la
suppression de l'héritage.
Ces conclusions seront reprises par Marx et Engels dans "Le Manifeste du Parti Communiste".
Etrangément, les Ultra-libéraux pronent la suppression de l'héritage:
il affecterait le marché et la libre concurrence entre les individus.
Qu'est ce que cet héritage que tant les ultra-libéraux que les socialistes historiques dénoncent avec tant de force ?
L'héritage est au sens Littréen du terme ce qui vient par voie de
succession, meubles immeubles, terres comme maisons, une licence,
argent ou capital. Il est une transmission de la propriété d'un objet
aux parents ou à des tiers.
Héritage se dit aussi d'un trône qui passe de rois en rois dans une même famille.
Au sens figuré, il peut désigner aussi la transmission progressive du savoir ou de l'éducation à des parents ou tiers.
L'héritage est donc une base, un ensemble de savoir, de propriétés, de capital,que quelqu'un transmet à d'autres.
Le légataire de l'héritage a donc pu hériter lui-même par le passé de
ce qu'il lègue, ou bien acquérir titres de propriétés biens et capital
par le fruit de
son travail personnel, ou de l'accumulation du
capital. Les héritiers donc bénéficient de ces biens sur un critère
purement discrétionnaire.
D'un point de vu socialiste,
il serait bon de s'intérroger aussi sur cela, et de voir dans quelle
mesure l'héritage peut être considéré en bien de points comme un
puissant vecteur d'inégalités sociales.
Sans tergiverser sur le
mérite ou pas des héritiers à recevoir quelque biens d'un tiers, il
faut saccorder sur une chose : l'héritage est un instrument qui
renforce les inégalités sociales dans la société.
Qu'est
ce qui fait que telle personne, pour la simple excuse qu'il est fils de
quelqu'un qui possède des biens, devrait il les posséder aussi?
- par lien de parenté avec le légataire
- par rapport à la perception qu'a le légataire de son
ou ses héritiers.
Les
critères sur lesquels se fondent l'héritage peuvent être variables et
tout le temps subjectifs. Ils ne correspondent en rien à quelque chose
de rationnel.
Or, sur quoi se fonde une grande partie des inégalités
à la naissance?
- Sur des inégalités de capital culturel
- Sur des inégalités de capital matériel ou financier
Ne
nions pas qu'un individu possédant des richesses financières ou
patrimoniales aura bien plus de chances de "réussir" dans la vie que
quelqu'un qui part de rien.
Avoir de l'argent, ou un patrimoine, c'est avoir accès plus facile à la culture.
Distinguons là encore le patrimoine du capital: un ouvrier qui
travaille toute sa vie à batir une maison, un mât de cocagne pour sa
famille devrait se voir "taxer" pour cela lorsqu'il désirera la léguer
à ses enfants?
Le patrimoine, en ce qu'il a de symbolique,
lorsqu'il s'agit d'une oeuvre d'art, d'une maison principale ou d'une
maison secondaire pour chaque enfant pourquoi pas, échappe à la logique
capitalistique.
Tout patrimoine en dehors de ce cadre devrait par contre être redistribué à la société.
Ne
nous voilons pas la face : c'est en grandepartie l'héritage matériel et
financier qui crée et renforce les inégalités dans notre société, alors
que la culture devient de plus en plus un bien marchand.
De quel
droit, à cause de l'héritage qu'il n'a pas, un pauvre devrait
travailler trois fois plus pour «réussir » que quelqu'un qui possède un
capital lui
facilitant l'accès aux études, le carnet d'adresse de
papa, ou des petits camarades de grandes écoles, fera plus aisément sa
place?
C'est parce ce que l'héritage financier, parce que le
patrimoine conditionne grandement les chances de quelqu'un à réussir,
parce que le manque de capital
financier ou de patrimoine hypothèque les chances de réussir alors il nous faut agir.
C'est
parce ce que l'héritage financier facilite l'accès au savoir-marchand,
facilite la culture de la façon la plus inique qui soit qu'il nous faut
oeuvrer pour changer la structure de répartitions des richesses, mais
aussi répartir ce qui est taxé dans l'éducation.
Seul la culture
et le travail devraient conditionner la réussite de quelqu'un. Mais
plus encore, que la culture et l'éducation soit le moyen privilégié non
pas de promotion sociale, mais d'épanouissement.
Pour cela, la
logique de répartition (de réparation ?) socialiste existe : en taxant
de plus en plus le patrimoine et l'héritage, nous dégageons des
ressources pour l'éducation de tous.
En taxant, en taillant de
plus en plus le patrimoine financier et matériel, nous augmentons
d'autant les moyens disponibles à l'éducation de tous.
Cassons la machine à reproduire les inégalités qu'est l'héritage.
Investissons massivement dans l'éducation populaire et dans les universités.
Proposons un modèle de société ou les valeurs ne pourraient être
"marchandes", un modèle ou réussite ne rime pas avec accumulation du
capital matériel mais capital social.
Une société du savoir, égalitaire et juste est un idéal vers lequel nous devons tendre.
Le français, tant berçé par ses rêves matérialistes, héritier d'une
culture foncière et "thésaurisatrice" est il prêt à lever le voile sur
son héritage?
C'est peut être à nous socialiste d'éclairer le débat
sur le propriété et de proposer des idées nouvelles qui sauront sortir
nos mentalités de l'élitocratie d'ancien régime.